Tout ce que je vois, je le vois avec mes viscères.
Tu défis le temps
La naissance ne commence pas là où on l’attend
Balayer l’histoire de songes incrédules
Cogne, cogne, cogne,
Yeux englués de néant
Toi, d’un geste souple, ancré, tu traces éperdument
Te laissant porter là où ta main t’entraîne
Surface de toile pudique
Happée par l’émanation de l’inconscient
De Rêves vacillants et imputrescibles
Déferle une flore de micro-organismes vivants
Envahissent la toile d’une danse frénétique carnavalesque
Formes ovoïdes qui colonisent inlassablement
Là où se cachent les conquérants
Cogne, cogne, cogne,
Battement d’un point rouge sanguinaire
Ici je suis
Quelque part dans cet immensité monde intracellulaire
Les yeux frémissent, tâtonnent, cherchent inexorablement
Jusqu’à s’enfuir au dos des origines ancestrales
Ni centre, ni haut, ni bas, ni perspective,
L’horizon enfumée de la volonté de la matière primitive
C’est un aplat infini, peuplé de formes obsessionnelles comme ce motif à grosse tête,
Si grosse qu’elle est corps tout entier, lâchant un œil rond et noir ;
Bouche béante comme une incision pour un appel d’air,
S’érigent les formes ovoïdes arrachées à la terre cosmique
Désastre éminent en constellation disruptive
Foisonnent des microbes protéiformes en exploration, explosion, éclosion
Vol, flottement, nage de compositions organiques…
Rampent-elles, tournent-elles …sur elles-mêmes
Parce que la naissance n’est pas là où on l’attend
Elle est bien avant
Bien plus lointaine
Bien plus primitive
Bien plus viscérale
Torrent en effervescence de luxuriantes présences/signes
Qui bouillonnent et se cognent
Et de ce choc tu vis
Cogne, cogne, cogne
Yeux englués de néant
Faites de la place pour les conquérants des naissances invisibles et à venir
October 2018
Johanna Auguiac
Directrice de la Fondation Aimée Césaire
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Everything I see, I see with my guts.
You challenge time
Birth does not begin where you expect it
Sweep away the story of unbelieving dreams
Strike, strike, strike
Eyes full of nothingness
You, with a smooth gesture, anchored, trace aimlessly
Letting yourself be taken where your hand is bringing you
A canvas with great reserve
Caught up by the emanation of your unconscious
Of flickering and indestructible dreams
Multitudes of living microorganisms surge
And invade the canvas with a frenzied carnival dance
Ovoid forms that colonize tirelessly
Where the conquerors hide
Strike, strike, strike
Beat of a blood red dot
Here I am
Somewhere in this immense intracellular world
The eyes quiver, grope, search inexorably
Escaping through ancestral origins
Neither centered, nor high, nor low, nor in perspective
The horizon obscured by the will of primitive matter
There is an endless flatness, populated by obsessive forms like this large-headed figure
So big that it is a whole body, revealing a round black eye
Gaping mouth like an incision to let air in
Ovoid forms, uprooted from the cosmic earth, stand erect
Eminent disaster in disruptive constellation
Abundant proteiform microbes explore, explode, hatch
Flying, floating, swimming organic compositions
Are they crawling, spinning around?
Because birth is not where we expect it
It is far earlier
Far more distant
Much more primitive
Even more visceral
Flowing torrent of lush presences
That are bubbling and colliding
And through this shock you come alive
Strike, strike, strike
Eyes full of nothingness
Make room for the conquerors of invisible and future births
October 2018
Johanna Auguiac
Fondation Aimée Césaire